Depuis la création du Canada en 1867, le poste de gouverneur général fait partie des plus importants au pays. Toutefois, beaucoup de gens remettent en doute le rôle du représentant de la monarchie et se demandent s’il a encore sa raison d’être. L’abolir pourrait par contre s’avérer plus facile à dire qu’à faire.
Sur papier, le gouverneur général sert de représentant à la couronne britannique au pays. Il possède aussi le pouvoir de sanctionner des lois et de nommer les sénateurs. Toutefois en pratique, ce n’est pas le cas. C’est au premier ministre élu d’avoir ces pouvoirs, comme le précise le professeur en science politique à l’Université Laval, Éric Montigny. « Donc on a un rôle très limité, très symbolique, qui est honorifique dans le fond. »
La démission de l’ancienne gouverneure générale, Julie Payette début 2021 à la suite de nombreux scandales a relancé le débat sur l’utilité du poste au pays. Pour l’ancien directeur du journal Le Devoir, Bernard Descôteaux, la situation suivant la démission de Mme Payette était même une preuve qu’on n’avait plus besoin d’un gouverneur général avec autant d’attributs. « Même le juge en chef de la Cour suprême remplit la fonction en s’en tenant à l’essentiel. »
M. Descôteaux, pense donc que le rôle de gouverneur général au Canada devrait être aboli. Cela a été prouvé selon lui lors de la période entre la démission de Mme Payette et la nomination de sa successeure, Mary Simon. « Sa démission laissait le Canada sans chef d’État, pourtant, le pays continuait de fonctionner sans elle. » Le principal problème selon lui réside dans le fait que pour se débarrasser du poste, il faudrait avant tout qu’Ottawa coupe ses liens avec la monarchie britannique. Cela pourrait s’avérer comme un affront pour les nombreux partisans de la monarchie au pays.
Pour Éric Montigny, le Canada ne devrait pas abolir le poste de gouverneur général. La principale raison pour lui, est la complexité de la manœuvre. En effet, il faudrait pour cela une modification constitutionnelle qui nécessiterait en plus l’accord de toutes les provinces pour pouvoir être en place. « C’est un débat qui d’abord doit monopoliser l’opinion publique et ensuite doit nécessiter des modifications et des négociations constitutionnelles. »
Le tout serait possible, mais le processus pourrait prendre du temps, conclut le professeur.